Sujet: Le poids de nos mondes sur nos épaules ▬ ft. Billy Mar 27 Oct - 1:04
ft. Bill Darkness falls on another day, And the light just seems so far away. Am I here all alone ? 'cause it just feels so cold, oh, so cold... Is there more than what meets the eye ? Is something higher keeping me alive ? Maybe hope, buried deep within ; We used what we had to begin again...
Le poids de nos mondes sur nos épaules
Il est tard le soir souvent quand tu rentres chez toi.
Ça a fini par devenir une habitude, tu ne remarquais même plus les ombres dans les rues. Pourtant, ce soir, si. Un instant, tu as l'impression que tu ne peux plus mettre un pied devant l'autre, et tu as le vertige. Tu t'arrêtes, cherches le mur de la main. Te laisses glisser contre lui, et t'assoies contre la pierre souillée. Une grosse, grosse fatigue te tombe dessus et très vite tu ne peux plus penser à rien d'autre. Il y a des jours comme ça, où la foi et les convictions, ça n'aide plus le corps à tenir debout. Peu importe à quel point on y croit.
Tu essayes de te relever, juste pour voir, et laisses échapper une plainte sourde quand un éclair de douleur te traverse la poitrine, entre la troisième et la quatrième côte. Tu y portes la main et écartes ton manteau pour toucher la zone énervée à travers ta chemise. Quand tes doigts reviennent, ils sont un peu rouges et humides. Tu jures en allemand entre tes dents. Une autre chemise de fichue.
Tu laisses ta main retomber sur tes genoux et prends une longue inspiration en posant ta tête contre le mur. Tu es seul dans la petite rue qui sent les ordures et la pisse. Le froid s'étale autour de toi, commence à s'agripper à toi. De petits nuages opaques apparaissent d'entre tes lèvres à chaque fois que tu relâches un souffle. Tu as l'impression que tu ne pourras plus jamais te relever, et ça a presque quelque chose de confortable. Un moment, tu ne sais plus trop quand car tu commences à perdre la notion du temps, tu relèves les yeux et découvres la timide portion de ciel découpée par les deux immeubles, au-dessus de ta tête. Il n'y a presque aucun nuage, mais il a cette couleur jaunâtre, maladive, qu'on ne trouve qu'aux ciels de ville et qui fait fuir les étoiles. Tu souris quand même. Il y a longtemps que tu n'as pas pris un moment pour observer le ciel de nuit. Et puis tu fermes les yeux, rien qu'un instant, parce que tu es décidément trop fatigué et que cette blessure à la poitrine fait décidément trop mal.
Ils apparaissent sous tes paupières sans que tu les aies appelés. Tous des visages, et tous morts de ta main ; tu pensais avoir réussi à te convaincre que chaque vie que tu prenais n'avait pas d'importance pour toi. Visiblement, tu avais tort, puisque tu as de plus en plus de mal à trouver le sommeil ces temps-ci. Les deux derniers que tu as abattu, leur image est encore nette dans ton esprit ; tu n'as pas pu oublier l'expression de féroce désespoir de cette mère alors que tu lui enlevais son enfant. Elle s'est battue avec bravoure jusqu'à la fin, et s'est débrouillée pour que tu ne l'oublies pas de sitôt. Tu souris – amèrement – alors que le sang semble battre plus fort contre la plaie à ta poitrine. L'amour et la douleur que tu as vus sur le visage de cette femme t'ont ébranlé dans tes convictions – rien qu'un instant, mais quand même.
Alors, pour t'arrêter de penser à des choses aussi dangereuses que de perdre ta foi, tu rouvres les yeux et adresses juste une prière à ce ciel sans étoiles, une main sur le trou sanguinolent au-dessus de ton cœur.
« Seigneur, pour chaque jour que vous me laissez vivre, merci. »
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Sujet: Re: Le poids de nos mondes sur nos épaules ▬ ft. Billy Mar 27 Oct - 13:40
La nuit avait envahi la ville, et les lumières industrielles dévoraient le ciel d'une teinte jaunâtre, de manière bien moins esthétique que le soleil. Dans les ruelles, un homme marchait à vive allure, le regard allumé d'un bleu saisissant, profond et colérique, une cigarette luisant entre ses lèvres alors qu'il passait dans l'ombre, ce seul point de lumière l'annonçant comme un démon en illuminant légèrement son nez et ses pommettes, comme crispées par l'envie.
On l'appelait Bill. Vêtu d'une tenue banale comprenant une chemise et un jean dont les couleurs délavées indiquait un certain âge au vêtement, il venait à peine de finir le travail et avait vu, de son regard océan, deux corps mutilés et saisis par la douleur. Une femme et un enfant étaient passé sur des brancards devant son comptoir de guichetier, à moitié morts, les yeux perdus dans le vide. Le sang teintait leurs corps et leurs membres tremblaient. On lui conta leur sort, deux spéciels attaqués par un dingue, un traqueur gigantesque, aux airs monstrueux et au regard froid. La colère était alors immédiatement montée, une symphonie terrible s'annonçait alors qu'il demandait avec hâte à être remplacé. On lui avait indiqué que ce départ serait déduit de son salaire.
Hannibal... Hannibal... Hannibal...
Il le tuerait. Juré qu'il le tuerait. Il se remémorait son passage express devant la demoiselle alors que son fils avait perdu lueur, le corps raidit par l'absence de vie. Il se rappelait encore de cette réponse.
Hannibal... Hannibal...
Il entendait encore ce nom qui résonnait d'entre ses lèvres bleutées, quasiment statiques elles aussi. Son corps se raidissait alors qu'elle perdait son regard dans le sien, comme fatiguée par la vie qu'elle abandonnait à présent. Les pupilles du félin s'étaient amincit, comme si la chasse venait d'être déclarée. En y repensant, une douleur aiguë saisissait sa poitrine pour parer à la souffrance qu'avait ressenti cette damoiselle et la chair de sa chair. Il grognait. Sourdement, alors que ses pas lui faisaient traverser les ruelles à grands mouvements excités. Une musique s'animait alors dans sa tête, l'excitait, le rendait fou. La folie dévorait alors sa peau, sa chair, ses os, puis bientôt l’entièreté de son corps, jusqu'à son estomac, son cœur et ses poumons. La tension montait, et il cherchait, humant quelques fois l'air pour se repérer, pour le repérer.
Hannibal...
L'animal sentit alors le sang, la souffrance, la blessure, la peau déchirée, comme un réflexe de survie, une puanteur humaine significative, c'était celui qu'il cherchait, il en était persuadé. Tout ceci lui montait à la tête, il traversait à pas rapides les ruelles alors que son cœur s'emballait dans l'excitation de déchirer un monstre, de faire justice soit même, de tuer ce putain de traqueur de merde. Son envie grandissait à chaque pied posé l'un devant l'autre, à chaque fois il ressentait les vibrations de son corps tapant contre le sol alors que le paysage se fondait dans une présence macabre, comme si son âme fusionnait avec cet environnement ombragé pour transmettre dans le sol cette rage. De ses yeux bleus il ne voyait plus que rouge, sang, douleur et il s’imprégnait de ce besoin qui devenait vital, comme affamé par le désir de vengeance. Il en aurait presque salivé.
Et alors qu'il traversa une rue, il aperçut, de ses iris félines et concentrées, ce gigantesque corps effondré au sol, comme un jouet abandonné, à l'apparence affaiblie. Une étincelle, un éclair le traversa, de la plante de ses pieds jusqu'au haut de son crâne, il fut saisi d'une paralysie momentanée, croqué par cette faim qui le tiraillait. Il sentait ce liquide vital à quelques mètres, qui s'écoulait sur le sol noirci par les ombres. C'était semblable à une flaque de pétrole à présent, un sang noirci par les ténèbres, les ténèbres qu'un diable avait crée. C'était un liquide précieux, qui aurait du rester à sa place, tout juste pour qu'il n'eusse pas la chance de le rencontrer. Il le savait, au fond de lui, c'était lui. Et alors que son regard se perdait sur son visage, sur son corps, ses vêtements, son sang, cette foudre le quitta alors qu'il repensait à cette demoiselle, si faible et toute différente de lui.
« Hannibal... »
« Trouble is, I knows it's petty, but I hate to let them live. »
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Sujet: Re: Le poids de nos mondes sur nos épaules ▬ ft. Billy Mar 27 Oct - 18:08
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Le poids de nos mondes sur nos épaules
Tu le sens qui s'approche alors que tu n'as toujours pas trouvé la force de te relever.
Tu n'ouvres pas les yeux, mais tu le sais tout proche. Il dégage une telle violence qu'il est impossible à ignorer. Un peu comme si l'air bourdonnait autour de lui ; et l'image te fait sourire, parce qu'il faut vraiment que tu sois en train de te vider de ton sang dans une allée dégueulasse pour que tu t'imagines des trucs pareils.
Un haut-le-cœur te saisit à la gorge et un liquide chaud et épais te remonte jusque dans la bouche. Tu tousses, craches par terre une espèce de caillot sanglant. C'est un peu plus difficile de reprendre ta respiration après – ach Gott, tu n'imaginais pas que ton état était aussi lamentable. Depuis un moment, il y a quelque chose d'encore plus sombre que le bitume qui progresse lentement par terre sous toi, et tu n'aimes pas trop y penser. Un instant, juste un instant tu espères que la présence furieuse passera son chemin, ou mieux, qu'elle ne soit qu'un délire de la fièvre, et tu es prêt à échapper une prière encore une fois, mais tu sais que ton Dieu ne les écoute jamais, celles-là. Alors tu ouvres les yeux, et tu le vois qui te fixe avec un regard brillant, brûlant. Tu n'es pas stupide au point de ne pas comprendre ce qu'il attend, lui, et ce qui t'attend, toi.
Pas ce soir. Je vous en prie, pas ce soir. Pas ce soir, pas-
Tu te relèves, en t'aidant du manche de ton arme, et tu hais cette brûlure dans ta poitrine quand tu redresses la tête et que tu soutiens le regard de l'autre, ta main libre toujours pressée contre la plaie. Il est peut-être un peu tard pour les bravades, Hannibal. A ce stade, tu ne te fais pas beaucoup d'illusions sur l'issue de la nuit. Moi non plus. Mais tant qu'à mourir, hein ?... Pitié, Hannibal. Arrête tes élans de fier guerrier allemand et va-t-en, tant que tu le peux encore. Rentre, ferme la porte derrière toi. Vis. Et surtout, ne me laisse pas devenir un narrateur seul, solitaire et esseulé.
Mais c'est plus fort que toi, hein ? Il faut que tu le fasses. Il faut que tu prouves à tout le monde que tu es capable de le faire. Est-ce que tu sais que personne ne te remerciera jamais pour ce que tu es en train de faire ? Et pour tout ce que tu as déjà fait. Tu te débats dans le vide, un chien accroché à un os qui le dépasse de beaucoup trop – tu es risible, Hannibal. Et tu sais quoi ? Ne laisse jamais personne rire de toi impunément.
Il y a un peu de sang au coin de ta bouche quand tu souris – douloureusement – et tu te racles un peu la gorge.
"C'est mon nom. Quoi, qu'est-ce que t'as ? Tu prends ton pied, à me voir dans cet état ?"
Dieu merci, tu ne trembles pas.
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Sujet: Re: Le poids de nos mondes sur nos épaules ▬ ft. Billy Mar 27 Oct - 21:27
C'était donc lui. Il le fixait, ces yeux de crépuscule, où la nuit s'était infiltré comme une criminelle. Il voyait la lueur, cette lueur de criminel. Il épancha un grognement dans le fond de sa gorge, le fixant férocement. L'envie de sang, il l'avait au plus profond de lui, ses yeux se perdaient dans les siens avec une lueur sanguinolente, aux airs cruels. A chaque fois comme la colère lui montait, ses yeux habituellement à moitié couverts des paupières s'ouvraient pour laisser découvrir des yeux gigantesques et autoritaires. Toute la panoplie de son cœur se faufilait alors dans les lumières de ses prunelles. Il fit glisser son regard contre l’entièreté de son visage.
Il lui ressemblait un peu. « J’atteins déjà le septième ciel. »
Il oubliait les alentours. Ce paysage mystique de la ville qui ne l’oppressait plus. Il se sentait dans un autre univers, où il n'y avait plus rien. Tout avait disparu, il sentait dans son cœur se profiler l'intense sentiment d'une mort prochaine. Pas pour lui, pour celui qui était encore visible dans son monde. Il n'y avait tout bonnement que lui. Cet homme blessé, la bouche ensanglantée et le corps faible, se redressant comme une merde. L'envie de le blesser encore plus torturait son esprit, il avait envie de hurler, de le dévorer, de sentir son cœur battre serré dans sa main, sentir son pouls, de ses mains recroquevillées autour de son cou.
Il en avait terriblement envie. Cela l'excitait presque. Lui n'avait pas d'arme. Juste son corps, qui était encore marqué de bleus et de contusions. Il devenait fou. Cet homme était ridicule. Déchet de l'humanité. Il avait envie de lui cracher dessus, de lui hurler sa haine. Les yeux éteints du gamin lui remémorait sa haine à chaque seconde, et le prénom de l'homme en face de lui résonnait encore de la voix fébrile de sa victime. Le félin ne ressentait à présent aucune peur : l'adrénaline lui caressait la peau, glissait dans ses veines comme une drogue prenante. Un long silence se produisait, il allait le tuer, le déchirer, ce connard de traqueur.
« Ca fait quoi de tuer une mère et son gamin ? »
Il restait statique, se remémorant d'un coup d'un seul de ce qu'il y avait autour, pour l'analyser de façon brève afin de n'avoir aucune surprise. Jamais il ne le laisserait s'échapper. En prononçant sa phrase, ses poings se serrèrent, il regardait ce sourire dégoûtant, vomitif. Il voulait lui arracher, lui péter les dents, lui arracher la langue. Il allait le tuer. Juste le tuer, comme il avait fait avec déjà des dizaines d'autres traqueurs de son genre. Sa pitié s'en allait, bien sûr, il se sentait étrange de devoir attaquer quelqu'un d'à moitié entamé comme il se sentirait étrange de boire dans un verre qui n'était pas à lui. Mais il était, là, question de venger une demoiselle et son fils et il devait perdre toute trace de compassion pour pouvoir exécuter quelqu'un d’atterré.
Quand il rentrerait chez lui, Bill aurait encore tué quelqu'un, et alors il s'en voudra. Et très vite raisonné par sa conscience, il oubliera ce prénom, qui le faisait tant vibrer quelques heures auparavant. Des fois, oui, des remords pouvaient l'atteindre, mais ce n'était rien, face à la morsure de la haine et il en était croqué tout entier. C'était un mélange d'adrénaline et de rage, peut-être une goutte de peur, jamais il n'aurait voulu finir comme tous les spéciels déjà tués avant lui, mais cela lui donnait une raison d'avancer. Sa faible peur se transformait en un moteur, et le désir de vengeance, son altruisme, lui servait de carburant. Et avec les deux combinés, il écrasait de façon violente chaque traqueur qui lui passait à porter de main.
« Tu n'as pas peur de mourir ? »
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Sujet: Re: Le poids de nos mondes sur nos épaules ▬ ft. Billy Mer 28 Oct - 16:14
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Le poids de nos mondes sur nos épaules
Tu connais bien ce frisson de l'air, comme si soudain tout était devenu électrique.
Même la douleur commence à refluer. Pas que tu saignes moins, loin de là, mais c'est juste que, dans ces moments-là, l'adrénaline est la plus forte. Tes muscles protestent un peu lorsque tu les forces en position de défense, persuadés que la nuit était finie pour tout le monde. L'autre te crache toute la haine du monde à la figure. Tu te redresses encore un peu, pour ne pas te laisser toiser. Il est vigoureux et déterminé à en finir ; la dureté dans ses traits t'aurait sans doute inspiré quelque chose comme du respect voire de la sympathie si tu ne t'étais pas retrouvé en face.
Au lieu de ça, tu réprimes presque un sourire en entendant sa réponse. Tu es tombé sur un petit malin, et la seule réflexion un peu philosophique que ça t'inspire, c'est qu'au moins ce n'est pas la tristesse qui va te tuer. Tu ne réponds pas ; tu ne réponds jamais à ce genre de provocations, surtout quand tu sais d'où ça vient – et en l’occurrence, de pas très haut. D'autant plus que la tension commence à devenir palpable, que ce type-là a l'air d'une bête sauvage avec une sérieuse rage de dents et que tu n'as pas envie de te prendre un coup avant même que l'affrontement réel ait commencé. Mollo sur la provocation, donc.
Mais en l'entendant continuer, tu ne peux juste plus te contenter de la garder fermée.
"Oh," tu comprends à voix basse, "tu es donc des leurs. C'est marrant, j'aurais juré qu'il y avait jamais eu de trucs comme la loyauté entre dégénérés." Un spéciel qui parle de vengeance et de compassion ! On dirait la meilleure blague que t'as entendue depuis un bail. Ce type est décidément un comique. "Allez, tu peux le dire maintenant," tu continues plus fort comme pour compenser la faiblesse que tu sens dangereuse en toi, "tu avais juste besoin d'un prétexte pour venir ici et me casser la gueule, pas vrai ? Ç’aurait pu être n'importe qui ! T'as juste envie de te défouler sur quelqu'un, hein ? Parce que c'est dans ta nature."
"Tu ne peux pas me mentir," tu aurais pu rajouter. "Je suis comme toi." Mais tout devient tout de suite plus compliqué quand le gentil commence à passer pour un méchant, alors tu gardes les deux dernières phrases pour toi, en prétendant ne jamais y avoir pensé. Parce que la dernière chose dont tu as besoin en ce moment, c'est d'un conflit existentiel qui te déconcentre au point que tu oublies d'esquiver ce coup particulièrement mortel qui t'ouvrira la gorge, si tendre gorge en deux. Je ne fais qu'émettre des possibilités.
La question d'après, par contre, te prend un peu de court. Si tu as peur de mourir ? Tu restes silencieux d'abord, un simple froncement de sourcils devant la menace évidente. Tu ne te fais pas trop d'illusions sur ce qui va se passer. Tu es fatigué, il est prêt à en découdre ; tu es blessé, il est tout fringant de bravoure. Il y a dans la vie des combats qui vous fatiguent avant même qu'ils aient commencé. Cependant tu es prêt ; tu l'es depuis la première fois que tu as pris cette arme entre tes mains. Tu souhaites juste qu'il y eût quelque part quelqu'un pour penser à toi, et peut-être même te regretter, si ce n'est pas trop présomptueux de ta part.
Mais comme tu sais qu'il n'y a personne, tu empoignes le manche de ton arme à deux mains, une espèce de batte de baseball mais plate, et dont les bords étaient suffisamment tranchants pour lui filer une commotion cérébrale dont il se souviendra pendant au moins trois semaines. Tu prends une position définitivement offensive, lui signifiant que, non, tu n'as pas peur de mourir, et que tu es même prêt à l'emporter avec toi.
"Curieux, j'allais te poser la même question."
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Sujet: Re: Le poids de nos mondes sur nos épaules ▬ ft. Billy Jeu 29 Oct - 12:49
Il le fixait. Regardait son corps se crisper en perdant ce liquide vital, celui qui gouttait au sol par filets en fuyant sa blessure alors qu'il forçait pour prendre une position défensive. Ce n'était plus qu'un être pitoyable, abandonné, fini. En le regardant se redresser, en dépit de de sa douleur sans doute pour montrer sa supériorité ; Bill échappa un grognement sourd, dans le fond de sa gorge. Ce type l'agaçait. Non, même pas, il l'énervait, lui donnait la rage sans la maladie. Lorsqu'il prit la parole, ses pupilles se rétractèrent.
Il l'avait insulté, non ?
Il n'avait pas totalement tort. Cependant, ce n'était pas l'envie qui justifiait sa venue, mais le besoin. C'était un besoin puissant, dévorant, qui le prenait aux tripes comme la faim. C'était une douleur acerbe qu'il s'évertuait à combattre pour le bien de l'humanité. C'était cette discrimination, ce jugement bien arrêté sur des personnes qu'ils ne connaissaient pas qui lui donnait l'envie de gerber. Au fond, il le trouvait plutôt courageux, ce type là. Il devait bien avoir perdu un peu moins d'un litre de sang, n'importe qui se serait laissé mourir, ou aurait abandonné. Sans doute l'adrénaline de chasseur lui avait enserré les tripes, peut-être était-il finalement semblable à lui tout en étant paradoxalement opposé.
Il le regardait froncer les sourcils pour sa seconde question. Il aperçut la crispation sur son visage, une vague. Ce type lui fit penser à un animal. Un animal blessé, un gibier, seul et sans défense, luttant contre les forces de la nature et contre son prédateur pour conserver le peu de choses qu'il lui reste en ce monde. Sans bouger, Bill continuait à le fixer alors qu'il se mit dans une meilleur position. Sa lèvre se souleva vaguement d'un côté pour échapper un grognement. Il était le prédateur, et lui la proie blessée, dont les seules forces se maintenaient alors au bout de son arme ; son visage était pâle, et il lui semblait bien trop affaibli. Il le dégoûtait. Et il avait oser le comparer à une brute tout juste bonne à trouver des prétextes pour se battre dans des ruelles.
Non, sa venue était bien plus légitime, et s'il le fixait d'un air incitant au combat, lui n'avait aucun problème à conserver son regard froid et cynique bien qu'il montrait certains signes de colère. Silencieux, alors que lui, ouvrit sa gueule pour tenter de paraître moins affaibli en lui retournant la question, il planta son regard dans le sien. Sans bouger le reste du corps, il prit une inspiration profonde en avalant la dernière bouffée de sa cigarette pour ensuite la laisser tomber à ses pieds pour l'écraser, rejetant la fumée en un fin filet d'entre ses lèvres. La lune se glissait alors avec lenteur par dessus la ruelle, pour illuminer son visage comme si l'heure était venue. Il voyait alors scintiller les deux prunelles bleutées de son ennemi, son sang aussi brillait.
« Et c'est moi qui l'ai posé le premier. C'est bête, hein ? »
Il le fixait dans les yeux, silencieux. Lui, comme celui qui lui faisait face, tous deux savaient ce qu'il allait advenir s'ils se battaient, là, maintenant, tout de suite. C'était bien trop simple. Voir bien trop lâche. Regardant sa position et le détaillant, Bill restait statique, sans plus de paroles alors qu'il attendait. Ce qu'il attendait ? Il ne savait pas, mais il lui semblait qu'il fallut attendre. Donc il restait là, silencieux, il ne savait pas si c'était de la pitié ou bien de l'humanité, ou bien même une certaine forme de respect pour celui qui lui faisait face avec tant de vigueur alors qu'il pourrait mourir d'une seconde à l'autre. Son regard se perdit alors vaguement sur sa blessure. Ce fut une longue attente, comme si tous deux se toisaient, cherchaient, réfléchissaient.
« Tu es pitoyable. »
Ce fut le seul mot qui grimpa jusqu'entre ses lèvres pour le désigner. Jamais il n'avait écouter les supplications des traqueurs, il y avait toujours cependant un ressentiment envers lui-même, un blocage en se disant qu'il avait gravement blessé ou même tué quelqu'un qui avait potentiellement une vie, une famille. Généralement il disparaissait vite. Mais là, en plus de ce sentiment, il allait éprouver l'étrange ressenti de lâcheté dont habituellement il ne faisait pas preuve. Il aurait été si facile de déjà se transformer et de lui planter ses griffes dans le visage pour le lui déchirer ou planter ses crocs dans sa gorge...Cependant, ce n'était pas égal, et même si son ancien combat, contre une mère et son enfant, ne l'était pas non plus, il n'avait pas envie de se résoudre à devenir un monstre lui-même.
« Mais dis moi, ça fait quoi, de tenir sa vie au bout de ses doigts ? Hm ? » Car il le sentait, c'était son arme qui le faisait tenir debout, et plus l'inverse.
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Sujet: Re: Le poids de nos mondes sur nos épaules ▬ ft. Billy Sam 31 Oct - 9:06
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Le poids de nos mondes sur nos épaules
Il y a une drôle de fleur sur ta poitrine maintenant.
C'est une fleur rouge et pulpeuse, qui a l'air presque vivante tant elle s'étale vite sur ton torse abîmé. Elle dégouline le long de ta chemise et sur ton pantalon comme un cancer sombre, et plus tu deviens faible, et plus elle grossit. Il y a un trou entre tes côtes là où elle plante ses racines ; tu la sens qui s'étend, qui te vole ton souffle.
L'homme-fleur bientôt sera mort.
C'est une idée qui ne touche pas. Il n'y a plus grand-chose qui te touche maintenant, à vrai dire ; tu as l'impression de progresser sous l'eau, poumons écrasés, vision faiblissante. Les jambes lourdes du poids des longues distances. Tu ne sais pas comment tu fais pour être encore debout. Tes yeux se ferment un instant, tous seuls, et tu aspires au confort d'un lit où poser ce corps qui ne peut plus grand-chose. Trop loin, tout ça. Plus d'autre réalité que celle du froid de la ruelle – tes pensées s'emmêlent les unes dans les autres et tu commences à avoir peur de cette déchéance dont tu sens le goût (ferreux) sur ta langue.
"Ach," tu réponds par réflexe, pour te secouer, "tu veux jouer à ce jeu-là ? Ça me va : j'étais là le premier. Fous le camp de ma ville."
Mais même la provocation, tu n'y arrives plus. Le dégénéré te fixe toujours comme s'il pouvait te tuer rien qu'avec ses yeux, mais il n'a toujours rien tenté. Que des mots, que du vent. Tu sens comme une hésitation en lui, quelque chose d'à peu près sage et scrupuleux. Au fond de ses yeux féroces, il y a une espèce de tendresse qui essaye de lui survivre, malgré le sang que tu devines sur ses mains ; une tendresse que tu aurais envie de respecter, si elle n'avait pas été une insulte à ton existence. Ta mâchoire se noue. Tu ne supportes pas ça, pas venant de quelqu'un comme lui.
"Et j'espère que ce n'est pas la pitié qui te retiens. Pas maintenant," tu réponds en crachant comme du sang dans ta bouche. Il n'a pas intérêt à te faire ce coup-là. Car, si ton ennemi commence à te traiter comme si tu étais déjà mort, qu'est-ce que tu vaux encore ?... "Dès l'instant où ils pensent que tu es faible, c'est que tu l'es déjà." Oh, non, tu ne veux pas de ça. Tu as envie qu'il te frappe, rien que pour sentir que tu es toujours en vie. Un sentiment d'impuissance te tord la poitrine ; c'est comme dans les rêves, ceux où tu n'arrives pas à courir parce que tes jambes semblent peser des tonnes. Tu détestais ces rêves-là, et te réveillais toujours en pleurant et en hurlant pour que tout le monde sache que tu étais en vie. Cela fait des années que tu ne rêves plus de telles choses, depuis que tu as trouvé ta voie. Alors, pourquoi maintenant ? Est-ce que ton Dieu t'aurait abandonné ?
Sa dernière question te fait lui décocher un regard noir. Tu ne lui feras pas l'honneur de lui parler de la douleur dans ta poitrine à chaque fois que tu prends ton souffle, de la sensation du sang tiède et du tissu souillé, ou de l'engourdissement de tes membres. "Dès l'instant où ils pensent que tu es faible..."
"Eh bien," tu lâches avec un sourire amer, "je n'ai pas besoin d'être médecin pour savoir que je suis plutôt foutu, j'imagine. Mais n'imagine pas une seconde que je vais me laisser avoir aussi facilement. "Sogar ein geschnittenes Mal, der Kopf des Wolfes kann noch beißen",", tu grondes en retrouvant les accents bruts de ta langue natale. "Même une fois coupée, la tête du loup peut encore mordre." Tu lâches ton arme, qui va heurter le sol avec un bruit lourd, et te redresses, encore plus si c'est possible. Tu le toises de toute ta hauteur, de tout ton mépris.
"Je ne mourrai pas de ta main," tu affirmes comme si c'était la seule vérité au monde. "Je ne mourrai pas de la main d'un infidèle."
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Sujet: Re: Le poids de nos mondes sur nos épaules ▬ ft. Billy